Recoleta
Tout d'abord, je tiens à préciser que Recoleta n'a absolument rien à voir avec Nicoletta que seuls quelques uns d'entre nous connaissent (les Volets clos, il est mort le soleil et autre Mamy Blue...).
Recoleta est en fait un quartier de Buenos Aires et aussi le nom d'un cimetière qui, comme notre Père Lachaise parisien, attire nombre de visiteurs voulant rendre hommage aux personnalités qui y sont enterrées tout en faisant une cure d’architecture funéraire des siècles passés.
La tombe qui attire le plus de visiteurs est bien évidemment celle d’Evita Peron. Si la vie et le rôle qu’a joué Eva Peron, seconde épouse du président Juan Pero, auprès du peuple argentin, et particulièrement aux côtés des plus déshérités, sont bien connus, les péripéties de sa dépouille le sont beaucoup moins.
Lorsqu’elle décède à 33 ans, son corps est embaumé et exposé jusqu’à ce que son mari soit chassé du pouvoir trois ans plus tard, en 1955, par un coup d’État. Son corps est alors transporté en secret à Milan puis enterré sous une fausse identité avec l’aide du Vatican au cimetière Maggior. Seuls le pape de l’époque (puis ses successeurs) et deux colonels de l'agence de renseignement SIE ainsi qu’un prêtre connaissent la localisation exacte de sa dépouille. Trois autres personnes, dont le militaire putschiste argentin, Pedro Eugenio Aramburu, président autoproclamé de l’Argentine entre 1955 et 1958 et le général argentin Alejandro Agustín Lanusse qui occupera la présidence entre 1971 et 1973, savent que la « première dame du pays » est enterrée quelque part en Italie.
Lorsqu'Aramburu est enlevé par les Montoneros en 1970, il leur avoue avant d’être condamné à mort pour son rôle dans le coup d’État de 1955 qu’Evita repose en Italie, et en 1971, Lanusse accepte de rendre la dépouille d'Evita à Juan et Isabel Perón (sa troisième épouse) à Madrid.
À la mort de Juan en 1974, Isabel prend le pouvoir et pour la contraindre à restituer le corps, les Montoneros enlèvent la dépouille d’Aramburu. Eva est alors ramenée en Argentine et enfin inhumée en 1976 au cimetière de la Recoleta, 24 ans après son décès.
Beaucoup plus petit que son équivalent parisien, il n’en est pas moins labyrinthique et le plaisir qu’on éprouve à s’y perdre tient simplement à la beauté des ornements des caveaux et autres mausolées.
Le clocher de l'église Claustro del Pilar "gravé" dans le marbre.